Apprentissage

Le parcours d’apprentissage au TaiJiQuan

Mon amie et élève Françoise m’a récemment interpellé sur la pédagogie et le programme de mes cours à Paris, insistant sur le trop peu de conseils et détails sur les mouvements que je lui aurais prodigué jusqu’à présent et suggérant — non sans raison — qu’au rythme actuel elle en aurait "pour 30 ans avant de comprendre comment parvenir (à avancer vers la maîtrise du TaiJiQuan).

C’est un souci que je crois partagé par nombre de pratiquants et auquel il n’est pas facile de répondre en quelques mots. Mais dont il est nécessaire de parler ensemble. C’est pourquoi je propose ici quelques éléments que je livre à la réflexion des lecteurs/pratiquants...

Car, au travers de la pratique du TaiJiquan, il s’agit en fait de réaliser une transformation de nos réflexes profonds de durcissement et de tension en un "aller-avec », une souplesse et une tranquillité qui ne sont possibles qu’au travers un entraînement qui développe la sensibilité à l’équilibre interne et la sensibilité au mouvement et à la présence d’autrui.
La pratique du TaiJiQuan est en fait une forme d’alchimie interne qui implique le corps-cœur-esprit

Étapes

Pour moi le travail concret procède de plusieurs étapes :

  • 1 — l’apprentissage correct de la forme extérieure (Formes du TaiJiquan & Rotations de base du TuiShou à Pas fixe) (qui ne permet pas encore d’atteindre la « forme » efficace). Dans cette phase, seuls quelques éléments externes d’explication des mouvements peuvent avoir un sens.
  • 2 — la mise en place progressive des principes au travers de la pratique assidue de ces formes (qui vont permettre d’affiner et de corriger la forme extérieure). Dans cette phase des éléments de travail interne peuvent être mobilisés par l’enseignant.
  • 3 — cela débouche progressivement sur une forme d’efficacité martiale croissante qui est en réalité la signature de l’incorporation des principes par le pratiquant. Le pratiquant est à même de progresser par lui-même ainsi qu’avec le contact avec le professeur. C’est aussi dans la phase 3 que le plaisir de pratiquer devient le moteur central.

Jusque là, les phases 1 et 2 relèvaient en réalité de la foi dans la pratique du Taijiquan et de la confiance dans l’enseignant. Et seules cette foi et cette confiance peuvent permettre de traverser l’inconfort de cet apprentissage dans lequel il faut accepter de ne pas savoir faire, de ne pas comprendre comment faire, de pousser et d’être poussé etc.

Repères

En ce qui concerne les repères pour progresser, il faut aussi commenter. Tout d’abord, pour les élèves occidentaux, il faut des repères corporels précis, extérieurs au pratiquant. C’est la phase 1.
Qui va se continuer dans la phase 2.
Au cours de la phase 2, le pratiquant évolue, développe sa sensibilité et, parce qu’elle est plus ajustée, cette dernière devient progressivement un repère.
Dans la phase 3 la sensibilité devient le repère central de l’apprenti, les repères extérieurs deviennent inutiles, voire encombrants.

Ce travail d’alchimie, tout au long de ces phases, implique nécessairement de l’assiduité et un engagement personnel.
Et il faut souligner que c’est, avec le présence d’un bon professeur, le niveau d’engagement et l’intensité de la pratique qui déterminent la durée de ces phases.
La pratique quotidienne est recommandée.

Vincent

Posté le 15 février 2022 par Vincent Béja